Plus je m’intéresse aux plantes, plus je prends conscience du caractère infini des possibilité qu’elles offrent. Outre leurs propriétés médicinales ou nutritives, un autre domaine m’attire depuis mon passage au festival de permaculture à Grez-Doiceau : la teinture végétale. J’avais alors eu l’occasion de découvrir cette pratique au travers de deux ateliers (un plus théorique et l’autre plus pratique que je n’avais pu qu’observer).

Comme à mon habitude, j’ai commencé par des lectures sur le sujet, suivies de petites essais maison. Après une expérience avec des peaux d’oignon et un autre test avec des feuilles de noyer, j’ai décidé de m’inscrire à une initiation en vue de confirmer les bases et d’échanger sur le sujet avec d’autres. Bien m’en a pris car, même si le stage ne s’est finalement pas déroulé comme prévu faute de participants, j’ai eu la chance de rencontrer une teinturière chevronnée qui m’a donné de précieux conseils, fourni de bonnes références bibliographiques et permis de faire des tests à ses côtés.

Je voudrais ici reprendre quelques indications de base  pour d’autres désireux de mettre le pied à l’étrier dans ce domaine mais, n’étant que débutante, je ne vise de nouveau pas du tout l’exhaustivité. Des sites et livres permettent de trouver une mine d’information à ce sujet. J’en cite quelques-uns au bas de cet article.

Matériel :

Avant de se lancer, il faut tout de même rassembler quelques objets. Heureusement, ils serviront tout au long des expériences. Voici donc ma petite liste d’incontournables :DSCN4112.jpg

  • de vieilles casseroles (de préférence en innox et récupérées car on ne peut plus plus les utiliser à des fins culinaires après s’en être servi pour teindre)
  • de vieux ustensiles de cuisine : cuillers, instruments pour mélanger, chinois, passoire… (pour certaines plantes, il faudra éviter le métal et privilégier le plastique ou le bois)
  • une balance de précision (jusqu’au dixième de gramme)
  • un thermomètre (de 0 à 100°C et de préférence assez long pour toucher le fond de la casserole remplie)
  • un verre doseur
  • un mortier et un pilon
  • des gants
  • un tablier
  • des bols et bassines en plastic (les bassines seront surtout utiles pour le rinçage)
  • des bocaux en verre et en plastic (pour stocker les ingrédients)
  • une source de chaleur (taque électrique/bec à gaz/feu)
  • des coupons de tissus blancs (idéalement plusieurs matières : coton, soie, laine, synthétique…)

Première expérience :

Puisqu’il est facile d’en récupérer, pourquoi pas commencer avec des peaux d’oignon. Vous les avez d’ailleurs peut-être déjà utilisées pour colorer l’écaille des oeufs durs à Pâques, comme j’ai eu l’occasion de le faire enfant avec ma Mamy. L’oignon permet d’ailleurs d’obtenir aisément des couleurs solides allant du jaune au cuivre sans autre ingrédient (on appelle cela une teinture substantive).

  • Rassembler un poids de peaux d’oignon sèches équivalent au poids du tissu sec que l’on veut teindre.
  • Laver le tissu en question et le rincer précautionneusement (pour retirer les apprêts, la transpiration etc).

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  • Préparer une décoction avec les peaux d’oignon : les plonger dans l’eau froide et porter le bain de teinture à ébullition. Il faut prévoir assez d’eau pour couvrir tout le tissu et même le laisser bouger librement dans le bain une fois qu’on l’y plongera. Les substances tinctoriales vont colorer le bain. Retirer les peaux d’oignon de l’eau une fois qu’elle est bien orange et éventuellement les presser légèrement pour en faire sortir tout le colorant. Laisser le bain de teinture se refroidir un peu (jusqu’à environ 40°C pour ne pas agresser les fibres textiles).
  • Mouiller le tissu à teindre à l’eau claire puis le plonger dans le bain de teinture.

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  • Remuer fréquemment pour éviter les irrégularités et permettre à la teinture d’imprégner correctement tout le tissu. Laisser tremper le tissu jusqu’à ce qu’il prenne une couleur un peu plus foncée que le ton souhaité (la teinte finale sèche est toujours plus claire que celle qu’on observe quand le tissu est mouillé).

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  • Rincer le tissu et le laisser sécher.

Mise en garde : La teinture végétale n’est pas une science exacte, la couleur obtenue peut varier en fonction de nombreux paramètres (moment/endroit de la cueillette, température, qualité des ingrédients etc.). Il faut donc accepter la part considérable d’incertitude quant au ton final. Ne pas hésiter à faire des tests sur des petits coupons de tissu avant de teindre une pièce plus grande ou précieuse. Une fois lancé, on se rend compte que ce n’est peut-être pas si dérangeant qu’on pouvait le penser au départ : les expériences de teinture végétales ne sont pas routinières et cette surprise leur donne à mes yeux une petite dimension magique.

Quelques références :

Guide des teintures naturelles, Dominique Cardon et Gaëtan du Chatenet, Delachaux et Niestlé

Plantes colorantes, Teintures végétales, Michel Garcia et Anne-France Bernard, Edisud (le nuancier n’est pas correct)

Le livret-guide du jardin des plantes à couleurs : http://www.nature-namur.be/medias/publi/le-livret-guide-du-jardin-des-plantes-a-couleurs.pdf

Les fils du temps : http://lesfilsdutemps.free.fr/

Matha Harba : http://martha-herba.com/

Teinture végétale : http://www.teinturevegetale.fr/rubrique.php3?id_rubrique=3