Ah, mes écarlates menstruations… J’ai bien essayé de faire comme si elles prenaient le moins de place possible pendant près d’une décennie. Mais aujourd’hui, je reconnais que je ne peux pas faire fi de leur existence et qu’elles représentent toute une histoire, tout un pan de ma vie, en fait. Comme cet article n’est pas directement destiné à en causer dans le détail, voilà un super blog (clique sur le mot blog pour y accéder) que deux femmes leur ont consacré et qui vaut le détour !

Les règles poussent chacune à trouver la meilleure formule pour elle de gérer l’afflux de sang mensuel de la façon la plus fluide possible (sans mauvais jeu de mots, bien sûr). Après avoir démarré avec les tampons dans l’adolescence, puis avoir enchaîné des années avec la coupe(lle) menstruelle (choisie pour des raisons de confort, d’écologie, d’économie et de santé), voilà que j’ai eu la grande idée de la laisser fondre dans la casserole où je la stérilisais. Bon, en fait, j’ai pas fait exprès, évidemment, j’ai juste oublié que j’avais quelque chose (ma cup, donc, pour celles et ceux qui suivent) sur le feu et elle ne s’en est pas remise… Depuis lors, j’en ai racheté deux modèles différents mais ces derniers ne m’ont pas apporté la même satisfaction que le premier bien que j’ai essayé différentes tailles et marques et puis, mes itinérances n’ayant pas toujours facilité l’accès à des sanitaires pour rincer la coupe, me laver les mains etc., je me suis dit qu’il était peut-être temps pour moi d’expérimenter autre chose.

C’est alors que j’ai découvert le flux instinctif libre (FIL). Je résume brièvement car ce n’est pas non plus l’objet de l’article : il s’agit de percevoir quand l’écoulement des saignements est en cours et d’aller aux toilettes (ou derrière un arbre, tu es libre) pour faire la vidange avant qu’elle ne se fasse dans tes sous-vêtements. Un peu comme quand on nous a appris à ne plus nous uriner dans nos couches, en somme… Perso, en deux cycles, j’ai pu capter de plus en plus finement les sensations liées à la descente du sang de mon utérus vers mon vagin et ainsi de mieux en mieux éviter les ratés ! Y a pas plus écolo et c’est une solution qui répond aussi à mes envies d’autonomie. Par contre, mon expérience personnelle dans le sens du flux instinctif libre depuis deux ans m’a permis d’identifier que ce n’est pas simple pour moi de le pratiquer quand mes règles sont très abondantes, ou quand je fais de longs trajets en camion et que je ne peux pas m’arrêter n’importe où et quand, ou encore (cas plus rare car je fais dorénavant le choix de me ménager les premiers jours surtout) quand je produis un effort physique intense alors que je suis réglée. Voilà pourquoi j’ai décidé d’augmenter mon niveau de confort et de sérénité en combinant désormais le FIL et des serviettes lavables.

Face au prix des très jolies serviettes que j’ai croisée dans les diverses épiceries bio vrac qui se présentaient sur mon chemin et à l’impact écologique de la culture du coton, j’ai décidé d’en coudre moi-même à l’aide de matériaux pour la plupart récupérés. Et franchement, c’est pas bien compliqué. Du coup, je me suis dit que ce serait plutôt chouette de publier comment je m’y suis prise au cas où vous voudriez faire de même !

Matos :

  • un feutre
  • une/des paire(s) de ciseaux (de préférence deux : une de couture pour le tissu et une de ciseaux communs pour le carton)
  • du carton
  • du tissu 100% coton (dans mon cas, des draps en molleton récupérés)
  • du tissu éponge (serviette/essuie récupéré(e) voire gants de toilette pour celles que vous allez voir ici)
  • du tissu imperméable
  • des boutons à pression pour fixer la serviette autour de ta culotte

Komenkonfé :

  1. Pour commencer, j’ai établi un gabarit en carton (récupéré dans le bac à recyclage, of course) à l’aide d’une serviette qu’une amie m’a offerte. Mais si tu n’en as pas, tape simplement « gabarit serviette lavable » dans ton moteur de recherche éthique préféré et tu pourras choisir celui qui te fait de l’œil et le reproduire. Ce gabarit « complet », je l’ai ensuite utilisé pour tracer et découper deux couches de coton ainsi qu’une couche de tissu imperméable (soit du PUL, vendu exprès, soit de la toile de parapluie ou de K-Way, voire une toile cirée assez fine…) par serviette lavable.
  2. Il te manque encore un gabarit « partiel » en carton pour le tissu éponge à la fonction absorbante. Celui-là est plus petit, pas besoin d’imperméabiliser les ailettes, le centre suffit et cela facilite la couture en évitant de devoir travailler tout le pourtour avec tant d’épaisseur.
  3. Une fois toutes les couches tracées, puis découpées, il est temps de passer à l’assemblage. Après avoir testé différents ordres de succession des étapes, je recommande le suivant : pour éviter que la partie centrale bouge pendant la couture du pourtour, commencer par assembler la partie en éponge sur le coton supérieur (c’est donc le coton qui sera en contact avec ton corps et une couture centrale suffit pour les plus pressées), puis ajouter la couche imperméable directement contre l’autre face de l’éponge et enfin la deuxième couche de coton (celle qui sera en contact avec les sous-vêtements). Comme je suis pas adepte des prises de tête, j’ai vite laissé tomber la bordure en coton (aussi appelée biais) présente sur l’original et j’ai simplement cousu à l’envers en laissant une petite ouverture pour retourner l’ouvrage avant de finaliser la couture du pourtour.
  4. Enfin, j’ai placé les boutons à pression à la fois indispensables pour attacher la serviette autour de ta culotte et pour la replier sur elle-même quand tu la retires.
  5. Et voilà le travail face et pile :

Astuces :

  • Facultatif mais pratique : profite de ton atelier couture du jour pour te confectionner un petit sac à cordon imperméable que tu embarqueras pendants tes lunes pour abriter tes serviettes usagées en attendant la lessive.
  • Perso, j’ai confectionné une dizaine de serviette en perspective de mes baroudes qui m’éloignent parfois un temps certain de la civilisation. A toi d’estimer combien de serviettes lavables sont nécessaires à ton confort personnel.
  • Si tu as accès à du coton foncé pour réaliser tes serviettes, en particulier pour la couche contre ton corps, il marquera moins les traces de sang.
  • Quand tu retires ta serviette lavable, mets-la tremper dans une bassine d’eau froide pour la prélaver avant de la lessiver.

Bonne couture et bonnes menstrues !